13-nov-2012
Nous nous levons donc à
nouveau à 4h30. Nous roulons vers Uluru, situé à une dizaine de
km. Au moment de nous parquer, je ne reconnais pas le début de la
randonnée telle que je l'avais faite en 2004. Après coup je
m’aperçois qu'il y a eu des petits changements depuis et qu'il
n'est pas possible de stationner au début de la Base walk, il faut
se mettre au début de la Mala walk. Ce parking donne aussi sur
l'endroit où les gens commencent leur 'marche' sur Uluru mais
aujourd'hui il fait plus de 36 degrés donc la montée est interdite.
Tant mieux.
Jim
« Je suis déçu,
moi qui voulait te faire ch*** en allant marcher dessus... »
Nous commençons à
marcher rapidement afin de rejoindre la Base walk. Le géant
sommeille encore, il est de couleur pastel, presque mauve. Cette
portion est encore à l'ombre pour le moment, mais quand nous
reviendrons ce sera complètement illuminé.
Jim
« Je tiens à
préciser pour éviter toute confusion que quand Chris parle du
géant, c'est d'Uluru qu'il s'agit... je préfère le dire »
J'ai l'impression de
retrouver un vieil ami. Je reconnais ses formes, ses marques, ses
cicatrices. Il me semble déjà tant le connaître, je l'avais admiré
en détail la dernière fois, et tellement en photos étant enfant.
Et pourtant je suis surprise de découvrir d'autres traces, d'autres
reliefs que ceux dont je me rappelais. Et une autre couleur aussi. Il
n'est pas aussi jaune-orangé aujourd'hui, plutôt marron clair,
comme de la terre. On dirait qu'il a été façonné en argile par un
potier géant.
Nous marchons chacun à
notre allure Jim et moi, ce qui me laisse le temps d'admirer le roc.
Aujourd'hui comme la dernière fois je me retrouve seule, il y a du
vent, c'est magique et mystique à la fois. Pas un seul touriste à
l'horizon (ils ont du partir plus tôt.. ou ne pas faire cette
marche), c'est calme. Je me sens en paix avec moi-même.
Jim
« Mon expérience
n'est pas tout à fait similaire à celle de Chris donc je vais la
reformuler. On a pu marcher à notre allure, ça c'est vrai. Personne
n'était autour excepté Chris, mais à plusieurs vingtaines de
mètres derrière moi. Il faisait chaud, c'était calme, il n'y avait
pas de vent, pas d'ombre, je cramais et même transpirais. Je me suis
sentis, je puais, je n'étais pas en paix avec moi-même, loin de
là... Non je plaisante, c'est pour l'ennuyer que je dis ça. C'est
vrai que c'était bien de pouvoir contempler les différentes faces
d'Uluru tranquillement »
Je regarde à nouveau
Uluru en détail, admire sa diversité. Chaque pas de plus le fait
voir sous un angle différent. Parfois il semble lisse et doux, on a
envie d'étreindre le roc. A d'autres endroits ses marques sont
tranchantes, de nombreux trous grèvent sa surface, on imagine les
conditions extrêmes de chaleur et de vent qui le façonnent.
Jim m'attend à la fin de
la Base walk, nous continuons à marcher ensemble. Nous découvrons
les billabongs ainsi que les peintures rupestres faites par les
aborigènes de la région.
On se dit qu'il doit être difficile pour
eux de faire leurs cérémonies et vivre comme avant vu la popularité
de ce lieu.
Jim
« Je tiens à
dire que finalement, je ne me suis pas senti émerveillé par Uluru.
Certes c'est un très joli rocher mais je pense que comme pour Kings
Canyon, le fait que ça soit un site très touristique ne m'a pas
emballé. J'ai bien plus apprécié d'autres endroits comme par
exemple Palm Valley pour la diversité offerte par les lieux et le
sentiment de tranquillité. Ce qui ne peut pas être le cas lorsque
l'endroit grouille de touristes »
Des panneaux expliquent
les légendes de ce lieu. A chaque fois une morale se dégage :
il ne faut pas voler ce qui appartient à autrui, il faut tout faire
pour protéger les enfants, il faut écouter les messages
importants.. Des valeurs toujours actuelles donc, même si elles
existent depuis très longtemps pour les aborigènes.
Nous revenons ensuite à
notre point de départ. Pendant que je fais une pause technique, Jim
se fait aborder par un jeune homme qui fait partie d'un groupe
d'étude de l'université de Western Sydney. Leur projet porte sur le
lien entre 6 sites liés au patrimoine (dont Uluru) et la manière
dont les gens les perçoivent. Il nous demande ce que nous avons
ressenti, et en quoi ce lieu est important pour nous. Nous répondons
à une trentaine de questions puis pour nous remercier il nous offre
une carte mémoire. Avant de partir il nous laisse le lien internet
vers leur étude, nous irons y faire un tour lorsque nous aurons à
nouveau une connexion!
Jim
« Je tiens à
ajouter que le monsieur m'a dit que je parlais très bien anglais...
Aaaaah tant de politesse pour obtenir une interview !!!;-) »
Nous refaisons ensuite la
Mala walk en détail vu que ce matin nous ne nous sommes pas arrêtés.
Arrivés au Kantju Gorge nous apprécions le calme et l'ombre du lieu
lorsque un groupe assez bruyant arrive (alors qu'il est demandé de
respecter la quiétude du lieu..). Il s'agit d'une dizaine de Suisses
Allemands originaires de différents cantons. Je discute un peu avec
une dame originaire de Lucerne puis 5 minutes plus tard, le groupe
repart tout aussi bruyamment. Jim me charrie car je défends toujours
les manières respectueuses des Suisses. Pour le coup, c'est râpé.
Nous reprenons ensuite le
4x4 et allons au visitor center. Nous apprenons des choses sur la
culture et la nourriture des aborigènes notamment, ainsi que sur la
faune et la flore, même si nous avons déjà lu certaines de ces
informations lors de nos précédentes marches. Après presque 2
heures, nous ressortons et allons manger sur les tables à
l'extérieur. Puis nous faisons une sieste car il fait
particulièrement chaud, il doit être environ 14h30 mais l'air est
brûlant. Je me mets sur un banc à l'ombre pendant que Jim reste
dans le 4x4. Je regarde la silhouette d'Uluru qui est à présent
rouge orangé. Je m'endors moi-aussi.
Vers 16h30 nous décidons
de partir vers Talinguru Nyakunytjaku situé à 1 ou 2 km. Nous
faisons la petite balade, Jim est en train de cuire, l'air est encore
très chaud. Les plates-formes nous permettent d'avoir un point de
vue d'Uluru.
Puis nous partons vers le
parking destiné à observer le coucher du soleil sur Uluru. Nous
sortons table et chaises, limonade et cacahuètes et prenons
tranquillement l'apéritif face au monolithe (nous n'avons pas acheté
d'alcool dans l'Outback, il faut savoir qu'à certains endroits la
simple détention d'alcool est passible d'une amende. Lorsque nous
avons été nous enregistrer au camping de Yulara hier, un permis
d'alcool nous a été délivré mais il est juste valable dans le
parc et les environs.). Nous discutons avec nos voisins, des
Australiens d'Adelaïde venus faire visiter à leurs amis d'outremer
les beautés de leur pays. Certains touristes nous demandent d'être
pris en photos, d'autres se mettent juste devant nous (pensant
peut-être être transparents..?). Nous observons le changement de
couleur mais cette fois encore la roche ne deviendra pas rouge
étincelante, il y a encore une fois trop de nuages.
Nous repartons ensuite au
camping, repas pris au chandelle (enfin à la lanterne) et bonne
douche bien méritée!
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